Tchoukaltourine écrit contre le temps, contre la mort. Il ne lui reste plus que deux semaines à vivre. Il entreprend de se raconter à lui-même sa propre vie. Effacé de la vie plus qu’il ne s’efface lui-même, il est un homme de trop. Surnuméraire. Voilà ! Et sa vie lui fait mal, alors il se fait mal, alors il se fit mal sans cesse. Il raconte les places subalternes, les plaisirs modérés, les désirs modestes. Enfin un grand amour dérisoire et manqué.
Sur ce texte diablement moderne, Serge Maggiani joue et même danse avec une froideur subtilement calculée par Catherine Daste. Cela donne un moment de théâtre en mineur, d’une séduction inattendue et d’une belle singularité.
Gilles Costa, Le Matin
Ce récit, publié en 1850, est presque plus russe que nature. Toutes les données des chefs-d’oeuvre russes de ce temps-là sont présents : le jeu, le duel, la débâcle des glaces au printemps, le bal, les bouleaux, le village et surtout cette façon si particulièreère d’allier le témoignage direct sur le malaise du pays, notamment sur la description des faits et gestes de certains personnages, à une maestria géniale de l’examen de conscience, par moments sauvage, par moments d’une ironie noire. On en a le vertige. Et tout cela presque en douceur, comme un beau cheval de Caucase qui volerait sur de l’herbe.
Michel Cournot