GRAND’PEUR ET MISÈRE DU IIIe REICH

Pour mieux faire comprendre la nature du nazisme à ses compatriotes exilés, Brecht écrivit une trentaine de scè­nes, groupées sous le titre de Furcht und Eland des dritten Reich (Grand’Peur et Misère du Ill’ Reich). qu’il acheva en 1938.
Il était prêt à sacrifier ses principes dramatiques non­aristotéliciens pour obtenir des réactions immédiates. Le « sketch » n’avait pas de secrets pour lui. Son imagi­nation rapide, travaillant sur des coupures de journaux, des caricatures. des choses entendues à la radio, les transformait en incidents dramatiques « pris dans la réalité même », et susceptibles de montrer gue la peur et la misère affectaient toutes les couches cfe la société allemande : l’intelligentsia, la petite bourgeoisie, la classe ouvrière. Ces pièces parviendraient peut-être à se frayer un chemin jusqu’à l’intérieur des frontières allemandes, mais Brecht visait avant tout les émigrés.
Ce qui préoccupait surtout l’auteur, c’était la capitulation de l’intelligentsia devant la terreur. Ce thème est celui des scènes les plus réussies et les plus terrifiantes du recueil. Les accusés défilent devant le tribunal où siège l’ironie dévastatrice de Brecht. Plusieurs pièces apparte­nant à ce groupe furent jouées à Londres, Paris, Stock­holm, New-York, et leur efficacité se révéla très grande. Après que huit d’entre elles eurent été montées à Paris en 1938, sous la direction de Slatan Dudow, le Deutsche Volkzeitung déclara : l’accueil qui leur a été réservé s’apparente à la proclamation d’un front uni contre le fascisme.
La Compagnie Philippe Adrien présentera sept séquences de Grand’Peur et Misère du IIIe Reich·