Deux femmes-symboles vont vers leur perte. Anne-Marie STRETTER, que l’on voit, envoûtante et magique, tanguer doucement vers la mort ; la mendiante, que l’on ne voit jamais. Une fois de plus, résolument, Marguerite Duras fuit la narration traditionnelle pour s’abandonner, en très longs plans-séquences, à la mélodie des voix qui racontent, interrogent, commentent et critiquent le récit. Avec deux bâtons d’encens, un court de tennis et la touffeur d’un soir en Seine-et-Oise, elle nous entraine vers un Calcutta mythique des &nnées 1930. Dans cette atmospère capiteuse s’élève une musique étrangement tenace, déjà classique, et nous palpons l’éternité au détour d’un hall d’ambassade. Cinéma de l’impression, du fantasme retrouvé, l’art de Duras est celui de la « non-représentation ». Personne ici ne joue – mais tout est signe. Du souvenir, de l’amour, de la peur (la lèpre, tout proche et la famine). Génie de la suggestion évocatrice et sens de la durée : à sa manière, Duras réinvente le cinéma.
INDIA SONG
Distribution
De Marguerite DURAS Avec Delphine SEYRIG et Michel LONSDALE |