Omar Porras est un habitué de la scène de la Maison des Arts. Après Ay I Quixote et La Visite de la Vieille Dame, nous le recevons cette saison dans un spectacle tiré de la version initiale du Don Juan de Tirso de Molino (celle-là même qui a inspiré Molière) soumise à une libre réécriture : El Don Juan. S’emparant du mythe du séducteur, le metteur en scène colombien en a mêlé pJusieurs versions du XVll0 siècle. Procédant comme les dramaturges de l’époque, il a remodelé, ajusté ou superposé les situations, les dialogues et les personnages suivant ses besoins. Le texte et la mise en scène se sont écrits sur les planches, se nourrissant à la fois de l’inventivité des acteurs et des nombreuses variantes de ce grand mythe fondateur.
Au commencement étaient les ténèbres. Don Juan, le séducteur de Séville, l’homme aux mille visages, surgit du néant pour mieux abuser ses victimes. Sa parole n’est qu’illusion, fascination, spectacle. Nobles dames ou naïves paysannes, toutes les femmes sont égales aux yeux du beau parleur. Mais de ces ténèbres qu’il affectionne tant, surgit l’implacable convive de pierre, cette statue du Commandeur qui le guide dans son ultime périple : un voyage au bout du sacrilège, à travers les flammes de l’enfer.
Dans la grande tradition italienne, Omar Porras a imaginé un Don Juan comme un grand enfant attardé, en fuite perpétuelle, incapable d’inscrire un acte dans la durée, toujours en quête d’autre chose, essentiellement en quête d’autres femmes. Pas de passé, pas d’avenir. Juste le présent le plus agréable possible, loin de l’idée de la mort.
El Don Juan
Distribution
Teatro Malandro Texte : Tirso de Molina Adaptation et traduction : Marco Sabbatini et Omar Porras Mise en scène : Omar Porras Avec : Francisco Cabello, Cami/le Flguéréo, Stéphanie Gagneux, Philippe Gouin, Pierre-Yves Le Louarn, Fabiano Medina, Joan Mompart, Anna Pleri, Emiliano Suarez, Caroline Weiss Assistant à la mise en scène : Domenico Carli Scénographie : Fredy Porras |