Le metteur en scène anglais Dan Jemmett aime les interprétations débridées et le burlesque sans pour autant se départir d’une analyse juste et posée des textes qu’il choisit. Avec lui, les comédiens semblent s’amuser prodigieusement et le public est embarqué dans un voyage aux méandres inattendus et aux rebondissements constants. Après Shake, Dog Face et Femmes, gare aux femmes que nous avions reçues à Thonon, il monte la pièce la plus courte et la plus farcesque de Shakespeare. L’intrigue est basée en partie sur le jeu de double entre maître et valet et sur des quiproquos. C’est aussi la seule pièce de Shakespeare, avec la Tempête, à respecter la règle des trois unités (action, lieu, temps).
Egéon, un riche marchand de Syracuse est le père de jumeaux identiques nommés Antipholus. Il a acheté deux autres jumeaux répondant au nom de Dromio, eux aussi identiques, pour servir ses enfants. Au cours d’un naufrage, les quatre garçons sont séparés. Deux vivent avec Egéon tandis que les deux autres sont apparemment perdus avec Aemilia, son épouse. Le jour de ses dix-huit ans, Antipholus décide de partir à la recherche de son frère, accompagné de son serviteur Dromio. Il quitte son père et part vers la ville d’Ephèse sans savoir que son frère y vit. Les imbroglios et les situations cocasses ne se font pas attendre puisque les maîtres et leurs serviteurs se confondent. Soudainement, ils se retrouvent tous dans la maison d’Adriana, la femme d’Antipholus d’Éphèse…
« Je suis ému, en tant que spectateur, par les ficelles visibles de la représentation théâtrale. (…) Le théâtre instaure avant toute chose une complicité entre les êtres ; un rapport singulier et fort qui s’établit entre la scène et la salle. Cette relation complice se crée parce que nous avons besoin de nous réunir pour nous rencontrer nous-mêmes, rire et observer nos ridicules, nos petites bassesses, observer aussi nos capacités parfois à être des anges. Ce qu’il y a de si beau et de si nécessaire au théâtre, c’est que tout le monde s’y réunit et s’y trouve à priori d’accord pour vivre cette expérience. Même si l’illusion, hélas, ne dure jamais longtemps ! » – Dan Jemmett
