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Les Femmes savantes

Gisèle Sallin et sa troupe du théâtre fribourgeois des Osses nous avaient séduits lors de la représentation de l’Avare, en costumes d’époque et avec Roger Jendly dans le rôle d’Harpagon. lis reviennent cette année avec une nouvelle version des Femmes savantes, une autre pièce de Molière qui leur tient particulièrement à cœur. Il y a vingt ans, cette comédie avait marqué la première sédentarisation de la compagnie, qui après avoir été plusieurs années nomade, trouvait un lieu de vie et de création à Givisiez, tout près de Fribourg.

Avant-dernière comédie de Molière, Les Femmes savantes font écho aux Précieuses ridicules. Traitant du même sujet (les femmes et leur volonté de prétendre au savoir et à l’art dans une société de salon), Molière est passé d’une pièce en un acte et en prose à une pièce en cinq actes et en alexandrins. Ces savantes revendiquent l’accès au savoir pour tous : elles nourrissent le projet de fonder une académie qui réunirait sous son toit les sciences, les arts et la philosophie. À savoir égal, elles revendiquent aussi le partage du pouvoir. Pour développer son sujet, Molière a choisi le cadre d’une joyeuse famille qui débat allégrement des contradictions et des tensions que cette révolution provoque. En grand comique, il soulève l’idée que le savoir n’éradique ni la bêtise ni la veulerie.

L ‘Avare

Harpago, en latin, c’est le harpon, le crochet, le voleur, le rapace. Molière a choisi de nommer ainsi le héros d’une de ses pièces les plus connues et les plus jouées, un bourgeois avare, obsédé par son argent qu’il aime plus que ses enfants. Mais si la pièce traite de la pingrerie obsess1onnell , elle parle aussi du mensonge, du jeu des apparences et de l’amour. L’Avare a une résonance actuelle explique Gisèle Sallin, la metteur en scène de la compagnie suisse, nous sommes dans un monde de l’avoir et du paraitre, nous sommes formatés pour aimer l’argent. Et comme l’ avarice est un trouble du comportement, L ‘Avare de Molière a une pertinence a la fois individuelle et collective.

Tout en évitant de tomber dans la lourdeur d’une représentation historique, Gisèle Sallin a choisi de présenter un Avare d’inspiration classique, en costumes d’époque et dans un hôtel du XVIIe siècle. Harpagon est une figure vieille comme le monde. Il fait partie de l’inconscient collectif, avec ses lunettes, sa barbiche et ses doigts crochus recourbes sur sa cassette d’argent. En complet-veston, ce serait un monsieur de notre époque alors qu’il est bien plus que cela. Nous rions de lui comme les Grecs et les Romains ont ri de lui (Molière s’ est inspiré d’une pièce de Plaute écrite environ 200 ans avant J.C.) et comme on rira de lui dans le siècle prochain.