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LES MISÉRABLES

LES MISÉRABLES : donner à voir et à entendre ce monument de la littérature en soixante-dix minutes et en miniatures…, défi osé mais relevé avec brio par les Karyatides. C’est l’essentiel de ce roman fleuve qui en ressort, un récit resseré et d’autant plus percutant. Tout y est : la trajectoire de l’ancien bagnard Jean Valjean, échappée semée d’embûches par le fanatique et infatigable Javert, la déchéance de la fille-mère Fantine, la mort sur les barricades de l’impertinent Gavroche et la misérable condition de la petite Cosette. Ces personnages broyés par l’injustice sociale dénoncée par Hugo qui, à travers cette histoire discourt sur la justice, l’équité, la conscience morale, l’aspiration à la révolution. Une portée politique, sociale et philosophique à qui cette adptation donne toute sa place. Trésor d’inventivité, la scénographie a pour pièce centrale une table qui fait volte-face au gré des époques et des lieux de l’action. Les comédiennes manipulent sur un rythme effréné des dizaines d’objets, décors ou personnages, chinés ça-et-là au hasard des brocantes. Un spectacle vibrant, qui nous touche en plein cœur tant la force avec laquelle Hugo décrit ici l’humanité est intelligemment et généreusement portée par ce duo de comédiennes audacieuses.

Madame Bovary

Aborder et s’approprier l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française : Madame Bovary… Pour cette compagnie belge, la compagnie Karyatides. L’idée est de raconter l’histoire simplement, avec de petites poupées, sur une petite scène, le théâtre d’objets se prêtant à merveille au jeu de l’écriture cruelle, incisive et flamboyante de Gustave Flaubert. Un peu comme si on feuilletait un livre d’images, ou un roman-photo en trois dimensions… 

Emma, la fille d’un riche fermier normand, élevée au couvent, imagine sa vie semblable aux romans qu’elle dévore. Hélas, elle qui ne rêve que de passions intenses et de sentiments ardents, étouffe rapidement dans l’univers bourgeois et conformiste qui devient le sien après son mariage avec un médecin de campagne sans esprit et sans ambition. Poussée par son romantisme et son désir d’exaltation, Madame Bovary se laisse envahir par ses propres fantasmes et s’abandonne dans des aventures successives, jusqu’au désespoir.

Seule en scène, la manipulatrice Marie Delhaye donne vie à cette histoire en endossant les différents rôles, en alternance avec une bande-son, tout en faisant apparaître puis disparaître les quelques éléments nécessaires à la narration. Essentiels, ces objets renvoient aux étapes majeures du récit de Flaubert : le premier chagrin d’amour, la soirée à l’opéra, le verre d’arsenic… Ainsi, on suit facilement l’ennui, les diverses épopées et le déclin de l’héroïne.