Une sublime tragédie du désir, probablement la plus belle de Racine, Phèdre, écrite dans une langue renversante de beauté. Brigitte Jaques-Wajeman en propose ici une mise en scène des plus percutantes.
Amours passionnées mais interdites, succession de trône, colère des hommes et des dieux et morts inévitables : tous les ingrédients de la tragédie sont réunis. Phèdre brûle d’un amour enflammé pour Hippolyte, le fils de son mari Thésée. Elle s’en confesse alors même que l’on pense Thésée disparu. Lorsque celui-ci réapparaît, tous les protagonistes vont alors s’enferrer dans une spirale de mensonges, colères, vengeances et remords. Dans Phèdre, Racine ose montrer la jouissance dans laquelle les corps sont emportés, et qui bouleverse les protagonistes, parce qu’elle est interdite. Un combat inexorable se joue au cœur de la tragédie, entre l’ombre et la lumière. Dans ce monde où l’expression des passions est à la fois empêchée et exaltée, l’aveu est d’autant plus terrible à dire. Avec une diction des alexandrins au cordeau tout en étant moderne, un travail sur la gestuelle révélant tout autant la sensualité et la cruauté des personnages, la mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman est d’une justesse implacable, nous donnant à voir un véritable bûcher ardent où se consument les passions.
(…) une intelligence profonde du texte, une distribution impeccable, des choix artistiques sobres et éloquents de scénographie, d’éclairage, de costumes, de son, de musique. Et une manière de dire le vers qui offre son juste déploiement à l’alexandrin sans le corseter dans un rythme lancinant. – Armelle Héliot, Le Figaro