En ce soir de Noël se joue l’ultime délire de trois femmes possédées par la parole, enivrées de rêves, s’inventant d’autres vies. Les Présidentes est un voyage hilarant et étrange dans une arrière-cuisine, où un fait divers se transforme en mythe.
« Les Présidentes… ce sont des gens qui croient tout savoir, et veulent décider de tout », nous dit Werner Schwab. Erna, Grete et Marie sont trois petites bourgeoises pétries de frustrations, rongées par de secrètes passions, « Présidentes » de leur égo, où chacune règne sur son nombril, ses fantasmes, son fragile petit domaine matériel et mental. Elles se retrouvent dans la cuisine d’Erna alors que le pape parle à la télévision. Pour oublier leur quotidien insupportable, elles basculent très vite dans un délire verbal et s’adonnent à un rêve éveillé, enivrées d’alcool et de leurs propres chimères. La surenchère est la règle du jeu. Elles s’affrontent verbalement, puis physiquement avec une énergie inouïe, sans jamais renoncer à leur increvable désir. Ce trio halluciné nous embarque dans son psychodrame terrible, hilarant et sans retour. Les Présidentes sont des monstres, des furies, des suppliantes. Elles sont notre reflet le plus terriblement inspiré. Laurent Fréchuret nous donne à entendre la langue ciselée, brute et sensible, de l’auteur autrichien Werner Schwab, dans une mise en scène épurée qui mise tout sur la présence d’un trio d’actrices, » présidentes » de leur langue. Un trio d’exception.