Les Mille et Une Nuits

À l’automne 1979, Luiz Menés et Richard Soudée arpentent la ZUP n°1 de Marseille, un quartier perdu de réputation. Ils entreprennent un parcours semé d’embûches : « Aux Flamands, un des ensembles de la ZUP, trois centre sociaux avaient été incendiés. Tous les ascenseurs étaient cassés. Il valait mieux ne pas longer les murs, toutes sortes de projectiles pleuvaient. Nous avions très peur de n’aboutir à rien. »
Le projet est, au départ, de monter un spectacle de « théâtre du quotidien », à partir de la vie, apparemment banale et recluse, des nombreuses femmes maghrébines du quartier. « Malgré la laideur de la ZUP et le poids de leur travail, elles ont une manière de s’entraider, de se rencontrer, de se raconter, une force et un sourire, qui peuvent guérir certaines formes d’infirmité comme la solitude et le racisme. »
« Elles éprouvaient un plaisir énorme à raconter. Les héroïnes de leurs récits semblaient obéir à un code de conduite rigide, très moral, mais -et c’est ce qui leur plaisait – elles glissaient sous le discours officiel une autre pratique, très libre. »
Cette observation a amené Richard Soudée et Luiz Ménasé à travailler avec elles non plus la description du quotidien mais un texte immémorial et bourré de rêves, Les Mille et Une Nuits.