Les Fausses Confidences

Deux pièces de Marivaux à l’affiche cette saison. Toutes les deux abordent un thème cher à l’auteur : des affres et du bonheur de se démasquer à soi-même et aux autres ; dans la relation amoureuse bien sûr et en dépit de l’ordre social établi, qui bouge à grande vitesse dans ce siècle des Lumières. Les Fausses Confidences : vérités et artifices, masques au-dedans et masques au-dehors, tout Marivaux est là, avec sa mécanique théâtrale si bien construite, et pour la scène, une très belle équipe de comédiens emmenée par une Arminte (Elsa Lepoivre) époustouflante.

Créée le 16 mars 1737, Les Fausses Confidences est la dernière grande pièce de Marivaux, qui n’écrira par la suite que des œuvres en un acte. Cette pièce se situe de manière singulière dans son écriture. Elle clôt brillamment un cycle d’œuvres magistrales et en même temps est annonciatrice d’une nouvelle façon de mener l’action. Lorsque Marivaux écrit « Les Fausses Confidences, » il a cinquante et un ans. C’est un homme mûr, qui a eu tout loisir d’observer les changements à l’œuvre dans une société marquée par l’avènement de l’argent. C’est donc avec une grande précision qu’il peint la comédie de ce XVIIIe siècle, sur fond de mésalliances et de castes sociales. Mais comme le souligne Alain Milianti, qui signe la mise en scène, « De manière générale, le Marivaux journaliste s’est montré un critique social beaucoup plus dur et passionné que le Marivaux dramaturge. Dans son théâtre, la seule liberté qu’il défend, au fond, est la liberté intérieure: celle qui amène un être à surmonter ses préjugés, ses vanités ou sa peur pour faire aller là où le mène son désir. En cela Marivaux est un auteur d’une grande modernité.«