Les Estivants

Distribution

Comédie de Caen
D'après Maxime Gorki
Mise en scène : Michel Dubois
Version scénique : Peter Stein et Botho Strauss
Texte français : Michel Dubois et Claude Yersin

Résumé

Gorki n’a appelé Les Estivants ni drame, ni pièce, ni comédie, mais scènes. C’est cette dénomination qui a animé l’adaptation. Scènes – non pas tant au sens d’une technique de composition dramaturgique, des fragments se succédant de manière IAche sans articulation globale – mais «scènes» comme synonymes d’images complexes des rapports et des rencontres d’un groupe de gens dans un espace de jeu limité ; pas tant une succession de scènes, le développement d’une fable, que plutôt un enchevêtrement de circonstances internes et externes…
Voila pour un des aspects. Mais Les Estivants ne se déploient pas au sein d’une unique situation de jeu statique. l’histoire d’une émancipation y est motivée et menée à terme. les deux mouvements, le descriptif et le progressif, agissent l’un sur l’autre. l’adaptation s’efforce donc d’abord de situer le groupe, les «circonstances» dans leur globalité, globalité· à partir de laquelle se déclenchera ensuite, et obligatoirement, le processus d’évolution. Cela exige, dramatiquement parlant, un autre procédé d’exposition que celui qu’envisage Gorki. Tous les personnages de la pièce doivent être rassemblés dès le début de l’action sur le lieu convenu. Chez Gorki, au contraire, on assiste à une introduction progressive des personnages au cours du premier acte, qui s’achève en coup de théâtre par l’arrivée du poète Chalimov, et ce n’est qu’au deuxième acte qu’apparaît un personnage aussi important que Doublepoint. tandis qu’un groupe cohérent ne se constitue véritablement qu’au troisième, l’acte du pic-nie. l’action, surtout au deuxième acte, est truffée d’entrées et de sorties, de scènes amorcées, qui éclosent pour disparaître à nouveau. Dans l’adaptation, par contre, les petites scènes se constituent et se dissolvent à nouveau au sein d’une réunion durable des personnages ; il suffit parfois d’un regard perçant. d’une quinte de toux, et une scène commence.
Le parti pris pour une pareille «totale» en ouverture entraîne une série de modifications indispensables du texte: déplacements, mélanges, rajouts, qui agencent en une nouvelle structure, les scènes des actes 1 et 2.
Pour l’essentiel, il ressort que de grandes parties du deuxième acte, qui se joue de jour et à l’extérieur, émigrent au début et se déploient en une vaste scène de groupe, et que les scènes nocturnes à deux, par lesquelles Gorki fait commencer la pièce, n’ont lieu qu’ensuite. les actes 3 et 4 suivent à peu près le même déroulement que chez Gorki.
À propos de la forme du texte. les souhaits et les projets, nombreux et détaillés, que la pièce a suscités au départ auprès des comédiens et de tous les autres participants, l’exigence apparue au cours des répétitions de scruter plus à fond les personnages conçus par Gorki, de les exprimer grAce à des situations nouvelles, à des rencontres in­volontaires, ont peu à peu engendré une version du texte qui ne se conforme certainement plus fidèlement à l’original, et qui pourtant. tout aussi certainement. constitue le produit naturel d’une confrontation de longue haleine avec Les Estivants.

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