On aurait pu s’attendre à une nouvelle création de L’École des Femmes de Molière en costumes d’époque. Au lieu de cela, Jean Liermier, le directeur du Théâtre de Carouge à Genève, a habilement choisi une mise en scène à cheval sur plusieurs époques, entre 17e et 21e siècle ; une ingénieuse façon de montrer l’intemporalité des rapports entre les hommes et les femmes. Plutôt que d’illustrer une nouvelle fois les principes du cocufiage et du mariage voué à l’échec entre le barbon et la jeune fille, l’idée principale du metteur en scène est de mettre en perspective l’aspect inéluctable, drôle et tragique à la fois, de l’homme sûr de lui, croyant maîtriser un processus qui va évidemment largement le dépasser.
L’École des Femmes : Arnolphe, obsédé par la tromperie féminine et la crainte d’être cocu, s’approprie Agnès, une petite fille qu’il élève à l’écart du monde, dans la perspective de l’épouser un jour. Mais il suffira d’une rencontre avec Horace pour que l’ingénue, pourtant maintenue dans l’ignorance des sentiments, tombe amoureuse… Le bourreau devient alors la victime de son propre stratagème. Molière est du côté des modernes et c’est en virtuose qu’il conduit sa pièce, bousculant les préjugés et affichant un réel esprit progressiste. Son intelligence acérée et son humour ravageur se déploient grâce à des acteurs qui s’abandonnent tout entiers au plaisir de la langue.
