Faute d’expérience et sous l’effet de la fougue de sa jeunesse, le vicomte Médard, parti à cheval, tout fringant, de Terralba guerroyer contre les Turcs, rentre chez lui en litière réduit à la moitié de lui-même pour s’être élancé sans réfléchir au-devant d’un boulet qui l’a coupé en deux à la verticale.
Du vicomte n’a été retrouvée que la partie droite – et la mauvaise, à en juger par sa conduite. Passe encore de ne laisser aux branches que des demi-fruits, et, sur la mousse, que des demi-champignons, mais que ceux-ci soient vénéneux et donnés à fricasser à son petit neveu témoigne d’un esprit peu louable. Par malheur, ce n’est pas seulement son neveu que le vicomte pourfendu expose à des dangers pareils ou pires, mais le pays entier. Puis un jour, arrive l’autre moitié du vicomte, la gauche et la bonne, que l’on croyait, à tort, perdue.
Des actes de cette autre portion et des suites qu’ils comportent, de ce qu’en pensent neveu, compatriotes et bergère, voilà de quoi se compose cette chronique où se combinent avec esprit la féérie et l’allégorie.