Le 17 février 1673, Molière joue sa dernière pièce, Le Malade imaginaire. Il crache du sang. Le public rit de tant de véracité. Pourtant, ce n’est plus du théâtre, il meurt sur scène en jouant ce qu’il ne savait pas être son œuvre testament. Et pour cause… Veuf, le taciturne Argan s’est remarié avec Béline qui simule des soins attentifs, mais n’attend en réalité que la mort de son mari pour pouvoir hériter. Il se fait faire des saignées, des purges et prend toutes sortes de remèdes, dispensés par des médecins pédants, soucieux davantage de complaire aux patients que de s’occuper de leur santé. Dans un décor élégant et accompagné de comédiens brillants, Michel Didym propose une belle galerie de portraits et réinvente la farce, dans un savant mélange entre force comique et cynisme du propos qui tend vers le macabre et relève de la bouffonnerie. Du temps de Molière comme dans la France d’aujourd’hui, championne de l’usage de médicaments, l’hypocondrie est une disposition mentale, un théâtre intérieur, une représentation. Cette adaptation savoureusement irrévérencieuse prouve que le rire est bien le pansement de l’âme.
Le Malade imaginaire
Distribution
De Molière Mise en scène : Michel Didym Interprétation : Michel Didym, Agnès Sourdillon, Pauline Huruguen, Johanna Nizard, Jean-Marie Frin, Barthélémy Méridjen, Didier Sauvegrain Et en alternance, une fillette dans le rôle de Louison |