le cinéma allemand

de 1960 à nos jours

Distribution

DU VENDREDI 13 MARS AU DIMANCHE 5 AVRIL

Résumé

Cette manifestation (exposition et films) fait suite à celle de janvier/février 1977 au cours de laquelle nous avons survolé les quarante premières années du cinéma allemand, en gros de 1920 à 1960. Il est très difficile de se faire une idée du nouveau cinéma allemand qui a des aspects très différents avec une sélection de 8 à 10 films, c’est pourquoi nous avons choisi de vous proposer à la fois des « classiques » avec des réalisateurs confirmés comme : Fleishmann ou Schliindorff et des « nouveaux venus » avec Walter Bockmayer ou Jutta Brukner. Les films de la manifestation nous sont fournis par le « Goethe Institut », centre culturel allemand, et sont tous en version originale sous titrée ; il est possible qu’en fonction de la disponibilité des copies le programme fluctue légèrement.

LOTTE EISNER : « Le jeune cinéma allemand porte le deuil »

En 1932, Lotte Eisner, critique de cinéma, amie de Fritz Lang et de Murnau, quitte l’Allemagne pour fuir le nazisme. Auteur de plusieurs livres de cinéma, elle a participé avec Henri Langlois à la fondation de la Cinémathèque Française. A 84 ans, elle sait tout sur le jeune cinéma allemand.

– Comment peut-on expliquer qu’il ne se soit pas produit, en Allemagne, le même phénomène qu’en Italie où le néo-réalisme a pris naissance sur les décombres de la guerre ?
– La reprise a été difficile car toute culture a été mise entre parenthèses durant la période de Hitler. De plus, les Allemands étaient contre « les films de ruines ». C’est-à-dire ceux qui rendaient compte de la réalité de l’Allemagne d’après-guerre.

– Il y a donc eu une période de vide. Au point que vous avez écrit dans « L’Ecran démoniaque », publié en 1955 : Les Allemands ne feront plus de bons films…
– Je trouvais que le matérialisme asséchait les Allemands. Quand ils sont heureux, ils ne pensent qu’au bien-être et ils ne sont pas créatifs. Ils créent quand ils ont l’exaltation et le désespoir. Mais, tout d’un coup, la génération des fils de père nazi a commencé à faire du cinéma. Ils détestent leur père. C’est le cas, entre autres, de Werner Herzog qui a un sens très fort de la culpabilité.

– Comme s’il portait une faute originelle ?
Oui, et on le sent bien dans son cinéma. Les êtres qu’il peint sont tous marqués dans leur corps.

Selon vous, le réveil du cinéma allemand date de 1967, l’année de « Signes de vie » de Werner Herzog ?
– Oui, c’est en voyant ce film que j’ai écrit : Les Allemands se réveillent, l’exaltation et le désespoir reviennent.

Quel rapport existe-t-il entre Herzog et les autre cinéastes allemands contemporains ?
– Dans Au fil du Temps et Alice dans les Villes de Wenders, on retrouve l’angoisse, ce va-et-vient, cette façon d’aller à la dérive qui sont très allemands. C’est le même désespoir que chez Herzog, mais il ne s’exprime pas de la même manière. C’est leur instabilité qui les rapproche.

– Beaucoup voient dans les jeux de masques et les maquillages que l’on trouve très souvent chez Schroeter, des restes de l’expressionnisme ?
– Attention ! tout le cinéma allemand n’est pas expressionniste. Certains éléments de l’expressionnisme ont plu à ce peuple violent et son restés, comme le choc de la lumière, les effets de contraste. Mais en fait, on trou-vait déjà cela dans les écrits romantiques de Hoffmann ou Eichendorff. La spécificité de l’expressionnisme est ailleurs : dans la représentation totalement subjective de la réalité. En un sens, on peut dire d’un cinéaste expressionniste qu’il ne voit plus mais qu’il a des visions.

– Il y a une certaine concordance dans le travail de Schroeter et celui de Fassbinder.
– L’aspect un peu décadent de leur cinéma les rapproche. Mais Fassbinder pourraît être bien meilleur s’il ne tournait pas aussi vite.

– Parmi tous les cinéastes allemands, Schloen-dorff fait figure de théoricien ?
– Schloendorff parle de l’Allemagne d’aujourd’hui. Il a conscience du pouvoir social du cinéma pour faire changer les choses. Son style est sans doute moins net que celui de Schroeter et Herzog, mais je crois qu’il sait et saura très bien parler des problèmes sociaux.

– Entre ces nombreux cinéastes de talent, n’y-a-t-il pas une rivalité ?
– Non, d’ailleurs ils sont presque tous amis, à Munich. Peut-être parce qu’ils ont la même difficulté à conquérir le public allemand qui n’aime pas les films sérieux. Il faut qu’ils soient reconnus à l’étranger pour que les Allemands aillent voir leurs oeuvres. Le public allemand a vu beaucoup de mauvais cinéma depuis la guerre. Alors, il lui est plus difficile de retrouver le goût d’un cinéma de qualité.

– Est-ce que cela ne crée pas une situation fausse ? Voilà des cinéastes qui filment pour leurs compatriotes et qui sont pour ainsi dire exilés à l’intérieur même de leur pays.
– C’est pourquoi la tentation de l’Amérique est forte. En Allemagne, ils ne peuvent compter sur une véritable structure de production. Remarquez, il est peut-être bon pour eux de devoir lutter pour imposer leur cinéma. Et c’est ce qui explique peut-être leur variété, aussi bien au niveau des thèmes que du style.
Propos recueillis par Vincent Rogard Extraits Télarama n°1609-12 nov. 80

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