On connait le principe : nos bonnes sociétés industrielles ne sachant plus quoi vendre nous proposent désormais d’acheter un jour, une semaine ou un mois, un studio ou une chambre à occuper chaque année, sa vie durant, aux mêmes dates. Une manière comme une autre de ne plus être prolétaire ! Guy Foissy, pour sa trente-septième pièce. imagine un Français moyen, Pompon, adhérent potentiel de Légitime Défense, achetant pour une semaine une caravane fixe sur une crique du Nord-Cotentin «dans la première quinzaine de novembre». L’idéal quoi !
À partir de ce point de départ, le canevas de la pièce est tracé, à cela près que la fin de l’histoire n’étant pas celle espérée par Pompon, sa femme Poupette, la pièce va commencer à l’envers si j’ose dire. C’est que Pompon, victime de la marée noire, est devenu meurtrier. Le tout a vec_quelques couplets de refrain mis en musique par Jacques Delaporte et Frédéric Thibault. Comme chacun le sait, en France, en effet, tout finit par déchanter. C’est peut-être là que le bât va blesser. Déjà, la «conscience politique» de Pom-pon parait incertaine : ah, s’il avait tué quelques hippies pique-niquant sur «sa» crique le jour de son arrivée avec Poupette ! Mais le capitaine du pétrolier c’est tout autre chose.. Et n’avoir pas l’air de prendre les avènements au tragique, c’est un peu suspect…
Donc, on va rigoler. Et à ce jeu là, on peut faire confiance à Guy Foissy et à son metteur en scène Jacques Seiler. Ifs font de la corde raide. Il est vrai que deux comédiens remarquables, Micheline Luccioni et Claude Piéplu, tiennent la grande forme pour mener à bien cette équipée. Ils ont du souffle à revendre et poussent l’un et l’autre la coquetterie jusqu’à se renouveler par rapport à leurs dernières interprétations. Surtout Micheline Luccioni, dont on néglige les qualités profondes. À eux deux, le rire est garanti : Micheline Luccioni et Claude Piéplu s’en donnent à coeur joie.
Lucien ATTOUN Les Nouvelles Littéraires )