L’Homme qui rit paraît en 1869. Victor Hugo est en exil depuis dix-sept ans. En 1862, il a publié Les Misérables, en 1866 Les Travailleurs de la mer. L’Homme qui rit est mal accueilli. On attendait un roman, on découvre une époque baroque, surréaliste. Il est certain, note Hugo, qu’un écart s’est fait entre mes contemporains et moi. Un siècle plus tard, nous aurions tendance au contraire à mettre L’Homme qui rit au-dessus de tous les autres romans de Hugo et à le considérer, avec Claudel, comme son chef-d’oeuvre.
L’histoire en deux mots : Une nuit de janvier 1690, un bateleur solitaire, qui n’a pour seul compagnon qu’un loup, recueille un enfant mutilé par ordre du roi et une petite fille aveugle. L’enfant se nomme Gwynplaine, le bateleur Ursus et le loup Homo. Ursus baptise la petite fille Dea. Les deux enfants grandissent en s’aimant dans la vie errante qu’ils mènent avec leur père adoptif à travers l’Angleterre. Reconnu pour le fils d’un noble proscrit à cause de sa fidélité républicaine, Gwynplaine devient Lord Clancharlie. Désiré puis rejeté par une femme très belle et très étrange, la duchesse Josiane, il se retrouve devant la Chambre des Pairs où il tente de dire la misère du peuple et la révolution à venir. On rit de lui. Découragé par la dureté de la société aristocratique, il revient sur le bateau qui emporte Ursus et Dea bannis, à temps, pour rejoindre celle-ci dans la mort. Mort qui n’est pas fin, mais ouverture et accomplissement de leur amour.
« Aisé et rigoureux, le récit se déroule sans félure, racontant les lieux et les êtres et nous restituant l’essence même de l’oeuvre de Hugo. Ce travail d’épure est aussi celui de l’interprète, Gérard Guillaumat. Depuis plus de quinze ans, ce comédien s’est pris de pas-sion pour une recherche : comment transmettre un texte littéraire à un public de théâtre ? Le but de Guillaumat n’est pas d’incarner, mais de servir. Il y réussit ici admirablement. Par la seule parole, refusant toute concession à l’anecdote. Guillaumat, comme un musicien scrupuleux, travaille à ponctuer la phrase, modeler les sons, en évitant soigneusement de troubler notre écoute par le poids d’une interprétation. Seules, les mains, accompagnant la voix, modulent et précisent le rythme du texte. Passant du livre à l’espace, elles y projettent cet espace imaginaire du récit, servant de relais comme la voix entre le livre-objet et les rêves qu’il contient ».
M. D. Brunet (Journal de Genève)
L’HOMME QUI RIT
Distribution
De Victor HUGO Par Gérard GUILLAUMAT Production : THÉÂTRE NATIONAL POPULAIRE |