Après Les Naufragés, présenté à Thonon en janvier 2022, Emmanuel Meirieu questionne à nouveau notre rapport au monde, celui de demain, avec un récit d’évasion, un voyage poétique. Et une histoire vraie. Une symphonie entre ciel et terre, dans un décor monumental, une scénographie grandiose.
Emmanuel Merieu s’est inspiré d’une histoire vraie : en 1977, des astronomes gravent sur un disque d’or les images et les sons de notre civilisation et l’envoient dans l’espace, frontière de l’infini. Et si un jour des extraterrestres l’interceptent, que vont-ils trouver ? Une trace de notre histoire qui n’est déjà plus la nôtre ? Sur la scène, tout commence par une voix off. Un homme raconte comment, enfant, il a participé à l’enregistrement de ce disque d’or avec ses parents astronautes. Le plus beau souvenir de sa vie. Quand le rideau s’ouvre, on le retrouve aujourd’hui, apiculteur, se débattant avec les ravages de la pollution dans une forêt jonchée de détritus. Puis l’autre partie du spectacle s’intéresse à l’histoire de Blind Willie Johnson. Un musicien mort en 1949 au Texas dans la misère absolue, parce qu’il était noir, pauvre et aveugle. Enterré comme un chien. Pourtant, son blues magnifique, Dark Was the Night, Cold Was the Ground (« sombre était la nuit, froide était la terre »), se promène dans l’univers pour l’éternité, gravé lui assi sur le disque d’or… Ces deux récits s’entremêlent et forment une symphonie entre ciel et terre, rythmée par les chants de l‘artiste congolais Nicolas Moumbounou. Les spectacles d’Emmanuel Meirieu sont des monuments aux oubliés, aux abandonnés, à tous ceux que la Grande Histoire broie, puis efface, ceux qu’elle ne racontera jamais. Il signe ici, dans un décor monumental et une scénographie grandiose, un spectacle dense où il est question du passé, du présent, de l’avenir, du racisme, de l’écologie.