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RENCONTRE AVEC UNE ILLUMINÉE

Après La Loi des Prodiges, spectacle accueilli il y a quelques années sur les Chemins de Traverse, retrouvailles avec le talentueux François de Brauer. Sur scène, une infinie palette de personnages exubérants. Bluffant. 

Simon a grandi dans une famille catholique pratiquante, au sein de laquelle il s’est affirmé tant bien que mal comme « non-croyant ». Ce scepticisme revendiqué ne sera pas remis en question avant une récente crise existentielle durant laquelle il rencontre Stella, une jeune femme fascinante, une « illuminée », qui rassemble autour d’elle toutes formes de mysticismes et tous types de mystiques. Avec un sens du rythme remarquable et une précision vertigineuse, François de Brauer joue tous les personnages de l’aventure intérieure de Simon où se mêlent souvenirs, incertitudes et rêves éveillés. Des séquences incarnées, drôles et sensibles, de la rencontre avec un grand-père ressuscité à la convocation autour d’un feu de camp avec les chefs des scouts. Questionnant le monde qui l’entoure, le comédien-caméléon, en digne héritier de Philippe Caubère, tisse des récits de vies où le réel et la fiction se conjuguent habilement, avec spontanéité, légèreté, et une grande sincérité envers le public.

La loi des prodiges

Le fantasme de Rémi Goutard ? Un monde débarrassé de ses artistes qui n’ont, selon lui, aucune utilité dans cette société imaginaire qui ressemble en tout point à la nôtre. Et le ministre va s’attacher à défendre sa réforme quitte à y perdre quelques plumes. Mais au-delà du personnage politique et de sa réforme drastique, qu’en est-il de l’homme ? Qu’est-ce qui a pu le pousser à imaginer un monde sans artistes ? Seul en scène, jonglant avec finesse et humour entre une vingtaine de personnages : un père schizophrène, une fiancée illuminée, un clown-mendiant ou encore un douteux psychanalyste argentin, sans oublier l’éternel contradicteur, le célèbre artiste-plasticien Régis Duflou…, François de Brauer se fait l’héritier naturel de Philippe Caubère et nous joue les épisodes-clefs de la vie intime et politique de l’invraisemblable… Rémi Goutard.
Un tourbillon irrésistible et, l’air de rien, un regard inquiet sur la place faite à l’art dans une société en mal de poésie.

La Locandiera

Le metteur en scène Marc Paquien souhaitait depuis longtemps réunir Dominique Blanc et André Marcon. C’est chose faite dans cette pièce enlevée et réjouissante. « Lorsque j’ai relu La Locandiera il y a quelques mois, confie-t-il, le rôle de Mirandolina m’est apparu, pour elle, comme une évidence. Elle en possède la légèreté, la lumière, mais aussi “l’ombre intérieure”, essentielle à ce personnage ». Pleine d’humour et d’espièglerie, cette comédie de l’amour est un spectacle où l’on rit beaucoup et d’où l’on sort revigoré, le cœur léger.

Florence au 18e siècle, la «locandiera» Mirandolina dirige un petit hôtel où séjournent le chevalier de Ripafratta, le marquis de Forlipopoli et le comte d’Albafiorita. Mais alors que ces deux derniers font une cour assidue à leur hôtesse, le chevalier, misogyne déclaré, jure de ne jamais tomber sous son charme. Il n’en faut pas plus à la bouillante Mirandolina pour s’ingénier à le rendre fou amoureux…

« Mon envie de mettre en scène La Locandiera est née de deux choses. La première est le souvenir du spectacle de Jacques Lasalle avec Catherine Hiegel, à la Comédie-Française, qui fut l’un des moments fondateurs de ma vie de spectateur et d’homme de théâtre. J’ai toujours eu un grand plaisir à revisiter ma propre mémoire et à la trahir aussitôt pour inventer de nouvelles lectures, de nouvelles projections imaginaires. Le théâtre n’est fait que de cela, de parcelles de mémoires qui laissent des traces, plus ou moins vives, et refont un jour surface dans le monde. La seconde chose est le désir que j’avais, depuis longtemps, de travailler avec Dominique Blanc. » – Marc Paquien