Inventeur infatigable de nouvelles combinaisons musicales, personnalité majeure de la musique américaine, maestro du piano, admiré par Miles Davis, Ahmad Jamal est l’un des derniers grands génies du jazz des années cinquante et soixante. Son art est profondément ancré dans la culture afro-américaine aussi bien que dans l’univers des compositeurs européens. Son jeu est un mélange de sobriété et de sophistication, d’improvisation, de rythmiques puissantes au son feutré. Et, lorsqu’on assiste à l’un de ses concerts, on reste ébahi par l’intensité de son jeu de mains, à la fois véloce et sobre.
Pianiste à 3 ans, compositeur à 10, Ahmad Jamal commence sa carrière professionnelle en 1947 dans des grands orchestres. Venu de la tradition de Nat King Cole d’Art Tatum et surtout d’Errol Garner, il a connu aussi bien l’époque des bigs bands que celle du be-bop triomphant et du jazz électrique. A vingt ans, sa vie change totalement, il devient musulman, change d’identité, et se lance dans le trio de jazz. Ensuite, il se fera plus rare, alternants silences, éclipses et réapparitions, jusqu’en 1990. Concerts et albums le replacent à son rang de prince du clavier. Son dernier CD Blue Moon, sorti en février dernier, est considéré par les amateurs de jazz et par la presse spécialisée comme un chef-d’œuvre.