Je ne savais pas d’abord de lui qu’il était le plus grand poète vivant de ce temps qui est le nôtre ; je jure que je ne le savais pas. Je l’ai appris par étapes, d’un poème à l’autre, car à chaque fois c’était le bouleversement d’une révélation que je ressentais. La révélation d’un homme, et celle d’un pays, les profondeurs d’un homme, et la profondeur d’un pays.
Louis Aragon
La confession d’une Hélène impotente, recluse, avilie et intraitable, surprise à l’heure de mourir dans une demeure sépulcrale, nous fait renouer avec les grands thèmes de l’œuvre de Ritsos : la solitude, la déchéance, et leur issue vers une acceptation plus large du monde ; la maison, lieu ancestral et suffocant de conflits dérisoires, ouverts à la seule familiarité des morts qui le hantent ; enfin, l’irruption des objets quotidiens, consolants, témoins et interlocuteurs magiques dans un drame qui touche à sa fin. Jamais autant que dans cette œuvre Rltsos n’avait donné une forme aussi épurée et efficace à son entreprise de » banalisation » des mythes antiques inaugurée en 1962 avec » La Maison Morte « .