Odon Von Horvath, écrivain allemand anti-fasciste, mort accidentellement à Paris en 1938, a écrit pour le théâtre une œuvre importante qui reste en France encore mal connue.
Découverte il y a quelques années par Renée Saure!, qui en assura la traduction, l’œuvre d’Horvath n’a été été jouée qu’en partie seulement, grâce aux mises en scène de Claude Yersin, de Jean-Pierre Dougnac et de Michel Hermon.
Marcel Bluwal, de son côté, a assuré au début de cette année la réalisation de « Dom Juan revient de Guerre », pour le Théâtre de l’Est Parisien.
En 1975, l’Ensemble Théâtral de Gennevilliers a monté « LA FOI, L’ESPÉRANCE ET LA CHARITÉ » qui date de 1932. C’est la dernière pièce d’Horvath avant son départ en exil. À l’image de toute son œuvre, « La Foi, l’Espérance et la Charité » constitue une sorte de bestiaire social qui s’attaque en priorité à l’aveuglement, la mesquinerie, la misère de la petite bourgeoisie allemande frappée par la crise. Avec « sérieux et ironie », Horvath s’efforce de démasquer les consciences. Derrière les bons sentiments, l’attachement superstitieux aux valeurs établies, le culte de la bonne conscience, le sens de l’autorité… il révèle la réalité profonde d’individus façonnés par l’ordre social et soumis aux exigences de leur inconscient. Ce » démasquage » Inquiète, car Il met à jour la névrose collective d’une classe qui ralliera en masse le fascisme et nourrira son Idéologie. Horvath, dramaturge de la grande crise des années trente, a toujours mis l’accent sur le rôle des facteurs économiques et sociaux. Il s’y ajoute une grande attention portée au langage dans sa dimension à la fols sociale et lndlvlduelle. Du même coup, Horvath, lecteur de Freud, s’intéresse aux relations complexes entre la vie de la conscience et celle de l’inconscient.
Au total, à côté de Brecht dont Il fut le contemporain, Horvath laisse une œuvre riche, jouée et discutée dans les Deux Allemagnes, et qu’il serait grand temps de mieux connaître en France.
LA PIECE : au départ, pour écrire cette pièce, Horvath s’est Inspiré d’un fait divers, !’histoire· d’une Jeune femme au chômage, Elisabeth, fille d’un Inspecteur d’assurances, que les circonstances conduisent devant les tribunaux. Il s’agissait alors d’écrire une pièce contre les conséquences dramatiques qu’entraîne l’application des » petits paragraphes » du code et de mettre ainsi en lumière « le gigantesque combat entre l’individu et la société ».
LA PRESSE A PROPOS DU SPECTACLE :
FRANCE-SOIR : Pierre Marcabru. « Intelligence, tel est le mot qui vient tout de suite à l’esprit. J’entends par là faculté de comprendre. La mise en scène d’Yvon Davis pour « La Foi, l’Espérance et la Charité ». d’Odon Von Horvath, est sous ce signe. On la croirait tracée à ra pointe sèche sur une feuille de cuivre. Elle inscrit et cerne tout à la fois. Un travail exemplaire, éclairant, rigoureux, et qui est, je le répète, l’intelligence même. »
QUOTIDIEN DE PARIS : Matthieu Galey. « Cette représentation est passionnante de bout en bout. La beauté de l’ensemble tient à son homogénéité, au style même de la représentation, qui n’a pas un Instant de
faiblesse. À ces gens qui me demandent en geignant « ce qu’il faut voir en ce moment », je n’hésiterai plus à répondre : allez à Gennevllllers, Là sont le théâtre, la foi et le talent. »
LE MONDE : Michel Cournot. « La mise en scène d’Yvon Davis, le décor de Max Denes, les costumes de Jean-Claude Sotto, l’interprétation, sont d’une droiture exemplaire. Tout un travail de réflexion, toute une prise de conscience, de cœur, de nerfs, sont ici transmués en une ligne pure, infiniment riche et habitée, mais pure, dont la saisie, simple à faire, suscite chez le spectateur un monde de méditations, de retours sur soi et les autres, mals aussi d’émois, de plaisirs, de mouvements de vie tout court : c’est du grand théâtre. »