« 1944, la libération sonne le vent de la liberté. Dans une mansarde du théâtre Sarah-Bernardt, Etienne Decroux et quelques élèves dont je fais partie. Déjà le moment bascule, j’aperçois à travers le mime le monde du silence qui s’empare de ma vie. « Je serai Mime ou Rien ». Je songe à cela pendant que je tiens la hallebarde d’un sbire dans « Volpone », et pendant que je dévale les grands escaliers en stuc de « La Vie est un songe ». Je suis élève de Charles Dullin. À ce moment, je pense encore devenir un comédien parlant.
1945, « Les Enfants du Paradis », nous révèlent l’époque du « Boulevard du Crime » : vive le mélodrame où Margot a pleuré. D’une part la bête de théâtre, monstre sacré : Frédéric Lemaitre, et l’autre, le grand Pierrot, héros de la pantomime blanche, Deburau.
C’est J.-L. Barrault qui crée l’immortel Pierrot et révèle au grand public ses exceptionnels dons de mime. Etienne Decroux incarne « Deburau », père. La pantomime tirée de « Chand d’Habits », livret de Jacques Prévert, musique de Joseph Kosma.
1946, avec Eliane Guyon, Maximilien Decroux, nous devenons les fervents du mime ; d’autres élèves viennent au cours situé Rue Vigé.-Le Brun, parmi eux celui qui sera mon fidèle compagnon de travail : Pierre Verry. Etienne Decroux se révèle grand grammairien.
1947, création au Théâtre de Poche de mon personnage « Bip » ; autour de mol surgit une Jeune compagnie. Au Théâtre Marigny, j’incarne « Arlequin », rival de Pierrot. La pantomime s’intitule « Baptiste », elle est extraite des « Enfants du Paradis ».
1948, « Je suis mort avant l’Aube» sonne le coup de gong du mimodrame. J.-L. Barrault nous avait ouvert la voie avec « Autour d’une Mère » (1934), « Numance » (1935) et « La Faim» (1939).
Désormais, ma vie était tracée … »