Transposant son Tartuffe dans la bourgeoisie des Trente Glorieuses, dans une atmosphère nous rappelant le cinéma de Chabrol, Yves Beaunesne propose une version ravivée et mordante de la pièce de Molière.
L’intrigue en fait l’une des œuvres les plus célèbres du dramaturge. Tartuffe s’immisce dans la vie de famille d’Orgon, un bourgeois en quête de spiritualité. Il fait de cet apparent honnête homme son directeur de conscience, allant jusqu’à lui promettre sa fille et lui léguer tous ses biens. C’est sans compter sur la perspicacité des proches d’Orgon, et notamment des personnalités féminines qui ne tardent pas à démasquer l’imposture de ce faux dévot, effrontément perfide. Là où Molière se livre très clairement à une dénonciation de la bigoterie, Beaunesne, lui, ouvre la porte à une polysémie qui ne juge pas mais interroge notre société. Il aborde la pièce à partir du pouvoir d’envoûtement que peuvent exercer certains êtres auxquels on ne peut résister, quand bien même on pressent qu’ils feront pleuvoir sur nous une tempête d’égarements. La mise en scène d’Yves Beaunesne, avec ses décors et costumes des années 60, mêlant musique sacrée et joyeux gospel, vient nous rappeler que l’universalité de la pièce tient aussi à ce que cette peinture d’une société malade de ses radicalismes et de ses addictions n’est définitivement pas l’apanage du 17ème siècle.
La mise en scène d’Yves Beaunesne est comme une échappée belle, une nouvelle respiration qui donne à la pièce une autre couleur, plus vive et plus contrastée. – ARTSCHIPELS
Yves Beaunesne revisite la figure du célèbre imposteur en s’intéressant à son pouvoir de fascination. – LA TERRASSE
