« Il n’y a pas vraiment de théâtre sans une réelle et totale communication avec les spectateurs ; la plus importante des réponses apportées au théâtre, à sa raison d’être, vient du public. Au « Marionetteatern » le public existe : les adultes comme les enfants sont venus, le spectacle a toujours suscité des réactions… Le « Marionetteatern » a toujours pris en compte les problèmes et les contradictions inhérents au mode actuel en traitant des questions morales, sociales et politiques qui nous concernent tous, et ceci au travers d’un répertoire de pièces classiques et modernes toujours renouvelé à la fois dans son contenu et dans sa forme… Le « Marionetteatern » a toujours donné des représentations pour les enfants. Il n’est pas difficile d’obtenir de leur part une réaction de groupe, toujours prévisible, par contre réussir à les faire réfléchir, penser, sentir et participer à travers l’humour et l’imagination est une autre question… Le « Marionetteatern » utilise toutes les techniques du théâtre de marionnettes : marionnettes à gaines, à fils, à tiges, ombres chinoises, grosses têtes géantes, comédiens, masques, mimes, etc.
Michael Meschke.
Adaptation de L’Opéra des Gueux, de John Gay, auteur anglais du XVIlle siécie
« Au début du XVIIIe siècle, John Gay, lumière sinon resplendissante, du moins brillante, de ce nouveau siècle d’Auguste, ami de Swift, de Pope et des autres beaux esprits de l’époque, eut l’idée d’entreprendre une parrdie des pastorales ampoulées qui n’étaient encore que trop à la mode, alors qu’elles auraient dû sombrer dans l’oubli depuis longtemps. II les avaient déjà travesties dans une série de poèmes, mais la vogue de l’opéra italien, le prestige et la célébrité de Haendel, lui inspirèrent un renouveau d’énergie. Il allait situer sa pastorale dans la prison de Newgate, avec ses bandits, ses voleurs, ses putains, et l’entourer de tous les fastes, de toutes les conven-tions de l’opéra traditionnel, tout en tournant en ridicule ces atours aristocratiques. Brillant poète satirique, Gay connaissait la musi-que. H braqua son tir sur la société contemporaine, et en particulier sur ses couches supérieures ».
Frederic Ewen
L’Opéra de Quat’Sous ne renouvelle pas l’intrigue : épopée cynique et lyrique des bas fonds, la pièce prétend projeter dans le monde des mendiants l’arrogance, l’hypocrisie, l’exploitation tyrannique, la veulerie en un mot de toutes les tares propres à là société bourgeoise. L’adaptation de Brecht ne se sépare réellement de L’Opéra des Gueux que par l’utilisation des techniques épiques et par une violence destructrice, née d’une authentique indignation. L’Opéra de Quat’Sous est, de toutes les oeuvres de Brecht, la plus connue ; longtemps la seule connue, du moins à l’étranger, elle est aussi, il faut le dire, la plus mal connue, sinon la plus méconnue. C’est elle qui le rendit célèbre dans le monde entier, à trente ans à peine Mais, comme souvent, ce suc-cès reposait en partie sur un malentendu, dénoncé par Brecht dès les premières représentations : le public comparable en cela à celui des premières représentations du Mariage de Figaro, applaudissait les tirades les plus cinglantes comme des traits d’esprit insolents et gratuits, sans en saisir le redoutable pouvoir de subversion. Les metteurs en scène successifs firent trop souvent de cette amère satire une fantaisie poétique, estompant complètement l’aspect profondément revendicatif du réquisitoire. Si l’on ajoute que cette oeuvre insolite et surtout connue de nos jours à travers le film qu’en a tiré Pabst, film admirable en soi, mais très loin de l’original, dans sa forme et dans son esprit ; que le public français connaît ce film lui-même à travers une adaptation séduisante mais très libre, on comprendra que c’est à une véritable « redécouverte » qu’il est convié aujourd’hui.
L’OPÉRA DE QUAT’SOUS
Distribution
Marionetteatern : MARIONNETTES DU THÉÂTRE DE STOCKHOLM |