L’OS DE MOR LAM / KHAWARE

L’OS DE MOR LAM : Personne, de mémoire, n’avait mangé de la viande rouge à Lamène Lamène. Pour les jeunes, le goût de la viande avait dû se confondre, dans leur bouche, avec celui du lait de leur mère. Pour des gens d’âge mûr et les vieux, ils devaient réapprendre la saveur de la viande rouge, le Conseil des Anciens ayant décidé de troquer au Ferla, où passent d’immenses troupeaux des Peulhs, un enorme toreau contre des charges de graina Arrive le toreau. Le partage se fait à la grande satisfaction des villageois et Mor rentre chez lui, sa part de tong-tong sous le bras. Il a choisi un os que son épouse Awa lui fait cuire doucement, lentement, longuement. Sur ces entrefaites, se présente dans la demeure de Mor, Moussa M’Baye, son M’Bock M’Bar, (son frère de case), bien déterminé à manger sa part de tong-tong de Mor, conformément aux règles de l’hospitalité sénégalaise. Pourtant Mor entend profiter de sa part de viande. La présence de Moussa se prolongeant outre mesure, Mor décide de tomber mala-de, puis de mourir. Ma Sèye qui le connait bien, ne dit-il pas de Mor : Celui-là, son ventre le conduirait au tombeau s’il l’avait derrière lui… En effet, il ira jusqu’à se faire enterrer, s’obstinant à transgresser les règles de la fraternité de case. Et c’est en définitive Moussa qui héritera à la fois d’Awa et… de l’Os.
Maurice Sonar SENGHOR.

KHAWARE : Chanter la terre africaine avec ses traditions et son mystère, ses fastes, ses souvenirs d’amour et de mort et ses rythmes éclatants en bouquets de joie autour des mots si douloureusement, si fière ment tissés par l’âme nègre. Le théâtre Daniel SORANO a voulu rompre avec une certaine conception occidentale des montages poétiques. Ici, le spectacle se veut total, rimes et rythmes entrelacés de chants, rencontre har-monieuse de tous les éléments du théâtre traditionnel. Comme on les retrouve au Khawaré sénégalais lorsque le soir, à la veillée, le village se réunit pour danser et chanter au rythme endiablé des tambours. Fête des rires, de la joie, des couleurs et de la beauté des formes. La mission des interprètes, qui sem à la fois d’humilité et d’orgueil, tentera surtout de faire sentir à l’auditoire qui va leur faire l’hon-neur de les écouter, â quel point Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Tchicaya Utamsi, David Diop, Check Ndào, Jim Kolla Rahandraha, Annette Mbaye et Moustapha Vade, tous les poètes noirs, qu’ils soient de la mère d’Afrique ou de l’Afrique dissémi-née d’un seul coeur, d’un seul amour, d’un seul élan, ont â jamais crié : NEGRITUDE DEBOUT.