BARTHELEMY

Ce spectacle de marionnettes, qui fait suite à Léonce et Léna, au Petit Cheval, à Pop Faust, au Vieux de la Montagne. à Ubu sur la Butte, est à la fois une pièce historique, un mélodrame et une œuvre fan­tastique. Un certain Alfred Barthélémy, employé d’assu­rances, héros moderne en quête d’aventure, se trouve engagé dans les événements d’une chaude période de !’Histoire, entre 1560 (coup d’état huguenot manqué d’Amboise) et l’été 1572 (massacre de la Saint-Barthé­lémy). Pour l’exactitude, son rôle est inspiré de plusieurs personnages· mineurs de l’époque (Christophe Lecamus, que Balzac a sorti de l’oubli, Maurevert  » tueur officiel du roi « , le soldat qui assassina Condé à Jarnac, et d’autres).
Les faits et les hommes d’alors participent si bien de la magie caricaturale, violente et saccadée des marion­nettes qu’ils n’avaient besoin que d’être dégagés de leur fraise à tuyaux pour conduire dans un domaine du songe qui évoquera peut-être, pour certains, le Théâtre de la Cruauté d’Antonin Artaud.
Sur le plan formel, BARTHELEMY est un mélodrame, au sens originel que lui donnent les manuels de littérature : une œuvre hybride, caractérisée par le mélange des genres, le rejet des unités, le goût du romanesque, la recherche d’un pathétique violent… (où) des motifs musicaux appropriés ponctuent les évolutions des per­sonnages (Castex et Surer). En l’occurrence, la musique est de Corry Knobel et va bien sûr au-delà de la simple ponctuation.
Précisons que la pièce n’a pas pour propos de ranimer à ses propres fins, comme le firent ceux qu’elle met en scène, des passions et des querelles religieuses. Pour plus de sécurité, elle se déroule officiellement au royaume de Burkenbrof où toute coïncidence avec la réalité serait, selon l’usage établi, fortuite…