Sans presque rien changer à la langue extraordinairement belle et précise de Baudelaire, notre travail de mise en théâtre – en essayant d’échapper au didactisme – qui pourtant fait partie intégrante de la personnalité et des gouts de Poe et au style «tête de mort et rideaux agités par une nuit d’orage» (Poe n’est pas !’écrivain du «fantastique» mais celui du supranaturel) et le résultat de lectures envoyées s’est laissé conduire par le plaisir.
Le plaisir constamment nous a guidé.
Le plaisir de mettre en scène la narration, le suspense, le jeu.subtil entre le conte et l’incarnation brutale des évènements, des paroles et des souvenirs, en ménageant toujours l’ambiguïté de leur représentation.
Le plaisir aussi de «faire entendre» la langue de Baudelaire, infiniment aisée, et d’en déduire des images, de la lumière, des couleurs.
Les récits d’Edgar Poe sont pour la plupart écrits à la première personne et le travail de l’acteur a consisté à jouer de plusieurs mémoires tour à tour : celle du narrateur, précise, détachée; celle du narrateur acteur emporté par son récit et le jouant pour le public; celle enfin du comédien, qui a un point de vue très passionnel sur ces deux «histoires extraordinaires».
L’ANGE DU BIZARRE
Distribution
Par le Théâtre en l'air D'Edgar Allan Poe Traduction Charles BAUDELAIRE Avec Michel GRAND |