Impossible d’aborder Francis comme on aborde d’habitude un spectacle de théâtre ; ici le «je» est intimement mêlé au «jeu», et l’acteur, s’il ne cesse pas d’être acteur, est cependant d’abord un homme gui s’adresse à d’autres hommes. Parce que son histoire se confond avec l’un des épisodes les plus noirs de !’Histoire de ce temps : les camps de concentration nazis. Pour que son histoire aujourd’hui, près d’un demi-siècle plus tard, témoigne contre l’oubli.
«À tout instant, on sent que l’homme, que l’acteur veut, va peut-être s’arrêter brusquement de dire, d’essayer de dire, que l’horreur est toujours d’un autre ordre que ce que l’on imagine, que la vie là-bas était la vie quand même, que la mort peut parfois devenir l’objet du désir … Èt puis, à nouveau son visage s’éclaire de ce sourire qui chez lui bouleverse tous les traits pour dire encore à quel point l’amitié fut irremplaçable, comment il n’a de cesse, aujourd’hui comme hier, au théâtre, de chercher à en retrouver l’intensité. Pour lui, devenu acteur par hasard, pour retrouver les mots trop profondément enfouis dans sa gorge, l’amitié ce fut Maurice d’abord, mais ce fut aussi Dullin, Dasté, Planchon … , autant d’hommes aupres desquels il a trouvé un sens à sa vie et le moyen de vivre en concentré toutes les vies, autant d’hommes auxquels il rend hommage avec une admirable générosité.
Et quand il quitte la scene sur des mots qui rappellent que la stupidité existe encore, que l’ordure trouve encore à s’incarner, alors nos mains dérisoires de spectateurs de théâtre sont terriblement impuissantes pour lui dire à quel point, pendant cette heure et demie extraordinaire d’intimité, on l’a écouté, cru, entendu, aimé»
Marielle Créac’h.
FRANCIS
Distribution
de Gérard GUILLAUMAT Mise en scène de Jean-Louis MARTINELLI Création du THÉÂTRE DE LYON |