Figure

Le temps d’une soirée, Denis Lavant (acteur dans Les amants du Pont-Neut, Richard Ill, Siméon…) devient le peintre irlandais Francis Bacon dans Figure. Dans une scénographie picturale et sonore imaginée par Lukas Hemleb (qui vient de remporter un grand succès avec Le Dindon de Feydeau à la Comédie Française), il se met au service des réflexions sur l’art, des angoisses, de l’enthousiasme désespéré et des fascinations de l’un des plus importants peintres contemporains qui disait par sa peinture, vouloir saisir l’absolu d’un cri silencieux. Un spectacle d’une très grande force, brut et violent.

Francis Bacon a toujours été près de la blessure, de la catastrophe. li est par ailleurs doté d’un sens de l’humour extraordinaire. Ses peintures sont d’une très grande vivacité’ quant aux formes et aux couleurs… Il a mené sans relâche son art et sa vie au bord du gouffre. Un étonnant portrait, une variation libre qui ressemble aux peintures de l’artiste: vif et près de l’abîme.

Le regard des gens sur ma peinture, ce n’est pas mon problème, c’est le leur. Je ne peins pas pour les autres, je fais de la peinture pour moi­même. Quand on est artiste, la question est d’arriver à faire agir son instinct. On n’y arrive presque jamais. On est toujours, je crois, à côté. Mais c’est la seule solution: arriver à faire quelque chose instinctivement. Quant à expliquer l’instinct…
Mais, vous savez, l’explication ne me semble pas nécessaire, pas plus en peinture d’ailleurs que dans d’autres domaines artistiques comme la poésie. Je ne crois pas qu’on puisse donner l’explication d’un poème ou d’une peinture. (…) La seule critique efficace est personnelle : c’est celle qui s’exerce sur son propre travail quand on est en train de peindre, mais elle est alors d’un autre ordre. Le sens critique qui joue là, c’est la faculté de découvrir ce qui est possible, par où on peut passer, dans tout ce qui est déjà présent sur la toile, pour aboutir à la meilleure image finale.
Figure, extrait