On liquide : Voilà une fable de notre temps, dont le propos n’est pas fondamentalement gai ; et pourtant, on rit beaucoup avec les comédiens du Théâtre en Flammes. Sous les traits d’une demoiselle en talons hauts et minijupe, la mort vient apprendre à un jeune paysan solitaire qu’il est le dernier du pays à pratiquer ce métier. Pire, elle lui annonce qu’il ne lui reste plus que vingt-quatre heures avant de disparaître à son tour… Le paysan n’y croit pas. Et pourtant… En compagnie de son cheval, de son cochon, de sa vache et d’un arbre tricentenaire, il va lui falloir se résoudre à accepter l’inacceptable et dire adieu à tout et à tous.
À partir de la fable d’Antoine Jaccoud (on pense à l’univers de La Fontaine ou à La Ferme des animaux de George Orwell), Denis Maillefer a imaginé une mise en scène et un jeu ludique pour traiter de la place des agriculteurs face à la mondialisation. Car ce requiem pour la terre, qui pourrait se passer dans n’importe quel pays occidental, fait fi des frontières. Ici, plus de Suisse, de France ou d’ailleurs: seule une identité qui se meure. Celle de l’appartenance au monde agricole. Pourtant, ce spectacle n’a rien de misérabiliste. Si la pièce pose des questions essentielles, les dialogues en sont le plus souvent drôles. Les acteurs, quant à eux, nous offrent de merveilleux rôles de composition. Tour à tour amusants ou pathétiques, ils campent leur personnage avec une grande originalité et une parfaite maîtrise de leur art.
