Petit, on s’invente des histoires. Pour expliquer le monde ou le refaire en rêves. Parti en quête de sa mémoire, Kader Attou a rapporté les mille et un fragments de vie sur lesquels se superposait jadis son imaginaire enfantin. Autour de ces sensations fragiles, le fondateur de la Compagnie Accrorap a tissé sa nouvelle création, conçue pour six danseurs hip-hop dont une femme, tel un réalisateur de court-métrage qui va droit à l’essentiel.
Les courts-métrages m’ont toujours intéressé, explique Kader Attou. Ce qui me plaît, c’est cette capacité à raconter des histoires en un temps très bref, gommer le superflu, arriver à l’essentiel… et chercher un effet de surprise. Chercher, trouver et raconter en un temps très court des choses enfouies en moi, et en chacun de nous. Eveiller des souvenirs, des mots, des maux, entendre, s’entendre, s’étendre… poursuit-il. À la manière dont Charlie Chaplin a su faire rire de l’usine avec Les Temps modernes, Kader Attou – son père faisait les trois-huit chez Renault – aborde la vie du bon côté pour passer d’une histoire à l’autre, sauter du coq à l’âne, glisser de la danse pure à des séquences plutôt burlesques. Il y a de la dérision dans l’air avec une pointe de nostalgie, des airs d’accordéon qui font valser les frontières et de la danse, libre, légère, humaine et universelle.
Née en 1989 près de Lyon et installée à Besançon, la compagnie refuse l’étiquette banlieue et revendique le dialogue entre les danses hip-hop et la danse contemporaine. La notion de rencontre est au centre de sa démarche artistique, alliant l’acrobatie et les danses de rue et regroupant des danseurs de tous les continents.
