La compagnie des spectres : « Vous pouvez tout emporter, vous n’emporterez jamais nos désirs ». Ainsi s’adresse Rose à l’huissier venu procéder à l’inventaire des biens avant saisie. Recluse avec sa fille Louisiane dans un petit appartement de banlieue, Rose se croit toujours en 1943, année où son frère fut assassiné par la milice. Pour elle, l’homme de loi est l’envoyé de Joseph Darnand, collaborateur patenté et du Maréchal Pétain… Elle laisse alors libre cours à sa folie et entraîne le spectateur dans le récit de ce drame personnel ancré dans la réalité historique de la Seconde Guerre Mondiale. Seule sur scène, Zabou Breitman se glisse avec talent d’un personnage à l’autre.
Zabou Breitman est une artiste aux multiples facettes : actrice de théâtre et de cinéma, metteur en scène et réalisatrice. Passionnée et généreuse, c’est avec une grande délicatesse qu’elle s’empare de La compagnie des spectres, texte de Lydie Salvayre qu’elle souhaitait mettre en scène depuis treize ans. « La rapidité d’esprit me séduit, confie-t-elle, il y a des gens intelligents qui ont peu d’esprit. Mais cette auteure est brillante ET a beaucoup d’esprit. Elle joue avec les mots, tout semble couler (…) et tout se tient si bien, tout est tellement là pour aller où elle veut aller. Son texte m’est apparu comme une évidence, un appel du texte à le jouer sur scène ».
