Andorra est un petit pays imaginaire, où la paix et la sérénité côtoient l’attente avec l’angoisse de l’invasion des Casaques Noires. Ils tolèrent chez eux la présence d’un étranger, Andri, un jeune homme que le maître d’école aurait, selon la version officielle, enlevé des griffes du pays des Casaques Noires et adopté. Preuve qu’ils ne sont pas comme les « barbares » d’à côté qui persécutent les membres de cette communauté dont Andri est soi-disant issu. Mais la menace d’invasion se précise et la fameuse tolérance dont se gargarise la population d’Andorra se met à vaciller.
Max Frisch (1911-1991), écrivain et architecte suisse, fait partie des écrivains les plus importants de la littérature de langue allemande du 20ème siècle. Traumatisé par la seconde guerre mondiale et par les événements qui y ont concouru, il s’intéresse au processus d’exclusion qui conduit une communauté à rejeter un des siens, à l’enfermer dans une image préconçue afin de pouvoir le désigner comme le bouc-émissaire nécessaire, le porteur de tous les manques de la Cité jusqu’à en faire une victime expiatoire.
Si Andorra est une métaphore bouleversante du nazisme mais aussi du racisme de manière plus universelle, elle n’en demeure pas moins un formidable appel à la résistance et au refus de l’obéissance aveugle.
« Je reconnais, Dans cette histoire, Nous nous sommes tous trompés. En ce temps-là, J’ai cru, ce que tout le monde a cru. » Le Menuisier, Max Frisch