Le Trio Skazat (dire, raconter, en russe) chante une musique qui souffle le chaud des paysages méditerranéens sur le froid des plaines de Mandchourie. Voilà que nous enveloppent les mélopées, les mélodies de l’Europe de l’Est. Mais le Trio Skazat chante avant tout l’amour. Des chansons féminines, célébrant l’homme aimé, aux chansons masculines, pleurant celle qui est partie, c’est bien le sentiment le plus ardent qui est au cœur de chacune d’elles. Avec toute l’âme slave et la fougue balkanique. S’éloignant des multiples adaptations jazz, manouche, swing, le trio laisse la part belle aux voix, avec le chanteur serbe Branislav Zdravković (un timbre grave, hypnotique) et l’interprète d’origine grecque Héléna Maniakis. Qu’elle chante en russe, en grec, en serbe, en arménien, la voix d’Héléna est puissante, chaude, ourlée, expressive et maîtrisée. Avec l’accordéoniste serbe Dario Ivković (Les Yeux Noirs), les notes slaves envahissent la salle et c’est tout un monde qui se dessine : les Tziganes, la Grèce et son mont Olympe, l’Acropole, l’Arménie, le mont Ararat et les senteurs d’abricot, Belgrade et son quartier bohème, la Russie, les steppes et la toundra… La traversée est onirique, enchanteresse, inoubliable.
