Figure majeure de la jazzosphère actuelle, Kenny Garrett signe une musique qui s’invente sans cesse. Miles Davis disait volontiers qu’aucun saxophoniste ne l’avait autant estomaqué depuis Coltrane. De son premier concert avec le Duke Ellington Orchestra jusqu’au jazz de Miles (dont il a été le dernier altiste), à celui d’Art Blakey et The Jazz Messengers, en passant par le rap de Guru ou encore la pop de Peter Gabriel, le saxophoniste fut un sideman très recherché. Aussi à l’aise dans le hard bop que dans le jazz le plus lisse, il passe d’un jeu exubérant à une posture plus spirituelle avec une facilité confondante. Et puis il y a la sonorité, la voix unique du saxophoniste, ahurissante dans les tempos les plus rapides, fascinante le long de ses phrasés nerveux. Cette voix qui l’a fait entrer dans la légende.
À la tête d’un quintette majuscule, Kenny Garrett enregistre il y a deux ans son 19e album, Do your Dance. Inspiré par la vision de son public en transe pendant ses concerts, il rend un hommage à ce jazz dansé et groovy : rythmes africains, asiatiques, orientaux, latins. Gorgé de couleurs, d’influences, d’énergies, son jazz étreint le monde.