La carcasse d’un bateau échoué sur le plateau, métaphore d’une société fracassée dont les victimes, les naufragés, qui tentent de survivre, ne sont autres que ces hommes et ces femmes oubliés qu’on ne veut pas voir, les sans-abri. Récit poignant d’une rencontre avec les exclus.
Ethnographe de métier, Patrick Declerk choisit les sans-abri comme sujet d’étude. Un soir de 1984, âgé de 26 ans, il se glisse dans leur peau, se confond avec eux, et monte, affublé de ses pires vêtements, sans papiers et sans clé, dans un bus qui les conduit dans un centre d’accueil à Nanterre. En immersion. Une expérience qui le bouleverse, le transforme. Deux ans plus tard, avec Médecins du Monde, Patrick Declerk ouvrait la première consultation de psychanalyse destinée aux personnes sans-abri, avec cette espérance folle : il soignerait les âmes des clochards, les guérirait de la maladie mentale et du désespoir. En plus d’un repas chaud, d’un comprimé, d’une couverture, il voulait donner à ces fous de pauvreté, ces fous d’alcool, l’écoute d’un psychothérapeute. Il passa ainsi 15 ans de sa vie avec eux, 15 ans à les regarder, à les écouter. De cette expérience il tirera un livre témoignage, aujourd’hui porté à la scène par Emmanuel Meirieu, de manière tout autant magistrale qu’épurée. Pour faire entendre la parole de cet homme parti vivre avec les misérables, ce bon samaritain d’aujourd’hui. Un homme, un micro, au pied de ce bateau échoué, et voilà qu’il vient nous cueillir. Touchés. On en sort secoués, sonnés, se rappelant que, parfois, le théâtre fait ça. Et sublimement.
Les Naufragés gifle le public avant de lui mettre des larmes plein le cœur. – Télérama
Un spectacle d’une intensité visuelle et émotionnelle exceptionnelle. D’une maîtrise absolue. – France Culture