Avec drôlerie et mélancolie, Édouard Baer, comédien funambule, rend un lumineux et vibrant hommage au théâtre.
Soudain, un homme surgit dans la salle, l’air en fuite. Qui est à ses trousses ? Y a-t-il vraiment une menace ? L’homme pourrait faire marche arrière, retourner à sa vie, il est encore temps. Juste une excuse à trouver : un moment de panique, une erreur d’aiguillage, une rencontre imprévue. Ou au contraire, larguer les amarres, pour toujours… Vêtu d’un long manteau noir, les cheveux en bataille, Édouard Baer est à son aise dans cette promesse de vagabondage qui se révèle être celui d’un saltimbanque, venu se réfugier dans ce théâtre de tous les possibles. Dernière scène avant la fin d’un monde ? Avec son sens de l’absurde et de l’autodérision, Édouard Baer mène l’épatante digression où il convoque son panthéon personnel allant de Jean Rochefort à Boris Vian, de Georges Brassens à Thomas Bernhard, Charles Bukowski, Romain Gary… Au cours de ce moment suspendu où tout peut basculer, il se prend à imaginer d’autres vies, d’autres destins : « Qu’auraient-ils fait à ma place ? Et moi, si j’étais moi, je ferais quoi ? » Tout tient de l’exceptionnel dans ces Élucubrations, l’exceptionnel d’un exercice de style qui tire sur le fil aussi précieux que fragile d’un spectacle à déguster comme la plus brillante des improvisations.
Comme un fildefériste se joue du vide, Édouard Baer s’amuse d’une mise à nu dans une prestation de haut vol qui donne le vertige. – Patrick Sourd, Les Inrockuptibles
