Une comédienne, incarnant tous les personnages, et un guitariste nous emportent dans la deuxième partie des aventures d’un héros que nous connaissons bien : ses combats absurdes contre les moulins, son irréductible fidélité à Sancho, son inimitable tristesse….
Dans cette seconde partie, Cervantès a réussi un tour de force audacieux en déposant malicieusement son livre dans les mains de son héros. Il n’est point, dans la littérature universelle, un autre héros qui prenne son propre destin en main, et ces mises en abyme offrent bien des libertés et des fantaisies dont s’est saisi Sarkis Tcheumlekdjian dans cette adaptation sobre et poétique, lumineuse et magnétique. Dès le premier mot, la voix suave de Déborah Lamy envoûte, avec pour seul écho les notes délicatement égrenées par le guitariste Gilbert Gandil. Présence féminine incarnant des personnages masculins, la comédienne crée la distance qui offre à chacun la possibilité́ de les ressusciter par sa propre mémoire. Cette fameuse équipée boiteuse nous invite à réfléchir au monde, le lire ou le prévoir avec tour à tour ironie, mélancolie ou ravissement.