Avant Jam Session, son premier album, Juan Rozoff a expérimenté tout ce qu’il est humainement possible en matière de musique : percussions, guitare, basse, batterie, chant, ouvre-boîte, programmation, synthés ; il s’est successivement rallié à toutes les causes, avec la même conviction inébranlable: rockabilly, reggae, flamenco, salsa… Il a tout fait, monté des groupes, aussitôt démontés, bricolé tout seul ; il a tout respiré, regardé, mastiqué, de James Brown Sugar à Marvin Gaye, d’lra Kere à Rakiri, d’Otis à Redding. Et puis, un jour, ii a rencontré Mathieu Laurent, possesseur béni d’un 24-pistes, et, ensemble, ils ont ordonné le pataquès ; ça a donné Jam Session, petite caverne cool d’Ali Baba, le disque le plus zarbi que le rock français nous ait proposé depuis longtemps. Peut-être parce qu’il est dédié à Frank Zappa. Plus sûrement, parce qu’il sonne comme une tentative audacieuse d’adapter gouaille parigote et halètements funky façon Prince. La musique – heurtée et virulente – a des parfums de rébellion adolescente. Il y a là en gestation une personnalité qui devrait faire parler d’elle.
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