DÉCENTRALISATION CHORÉGRAPHIQUE : A la fin des années 60, les pouvoirs publics se sont préoccupés de promouvoir et de décentraliser la danse (comme ils l’avaient fait pour le théâtre et la musique) en installant une compagnie près des principales maisons de la Culture : Ballet-Théâtre Contemporain à Amiens en 68, Ballet Félix BLAS-KA à Grenoble en 72, plus récemment le Théâtre du Silence à la Rochelle. Par ailleurs, un Centre National de Danse Contemporaine dont la direction a été confiée à Alwin NIKOLAIS existe depuis peu à Angers. Mais il n’y a pas en France de chef d’école. BÉJART, qui aurait pu jouer ce rôle, a travaillé à l’étranger (Belgique) et n’a jamais cherché à avoir de disciple. Dans ces conditions, la danse française ne peut et ne pourra être demain qu’une «synthèse de plusieurs influences»; dans une interview accordée à Richard CREVIER (F.N.), Susan BUIRGE (américaine qui vit en France depuis 1970 et partage ses activités entre la formation et la création) déclarait : m’apparait aujourd’hui qu’il ne faut pas trop comparer la France et l’Amérique. En tout cas il n’est pas question de plaquer un espace américain sur un espace français. Très profondément la composition française d’un espace est radicalement différente de l’américaine. Il faut plutôt faire la synthèse des deux. Mieux, il y a en France un riche folklore, une danse classique et maintenant, la danse américaine. Et j’ajouterai : les vieilles traditions culturelles, les vieilles pierres. La fusion de tout cela devrait donner à la France une danse inédite, impossible en Amérique. D’ailleurs depuis deux ans, comme membre du jury de Bagnolet je remarque une évolution très nette dans la qualité des danseurs et dans le perfectionnement de leur travail. Les véritables résultats viendront plus tard, mais ils viendront.
LE BALLET-THÉÂTRE DE L’ARCHE : Les résultats sont là, les critiques sont unanimes pour le reconnaitre. Durant l’hiver 77 plusieurs danseurs issus directement de MUDRA et du BALLET DU XXe SIECLE (tous deux dirigés par Maurice BÉJART) se réunirent pour tenter leur chance aux concours internationaux de Nyon et de Bagnolet. Ils y ont remporté les deux premiers prix avec deux ballets différents : Évocation et Nieblas de Nino. Ces danseurs ont alors fondé le BALLET-THÉÂTRE DE L’ARCHE. POURQUOI CE NOM ? : Nous tenions au théâtre parce que la danse toute seule ne fait pas un spectacle. Et nous aimions cette idés de l’Arche pour Noé et pour l’eau.
Maguy MARIN.
LES GESTES DU QUOTIDIEN : J’aime bien les gestes quotidiens, leur simplicité, leur efficacité, leur poids. Observez une femme qui coud : elle tire l’aiguille. Si on travaille sur ce geste très vite on y trouve de la danse. Mais la chorégraphie ne doit pas tout dire, tout souligner. On va plus loin plus profond en suggérant. Au fond, ce qui m’importe le plus, c’est l’émotion. Sans émotion on peut faire de jolies choses. Mais des choses vides Cela ne m’intéresse pas du tout.
Profil de Maguy MARIN par Simone DUPUIS
PROGRAMME : CANTE (création) – DUMBARTON OAKS (création) – SOLO (création)
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