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Fausse note

Fausse note : quand le passé refait surface… Hans Peter Miller est un important chef d’orchestre, de renommée internationale. Courant le monde, le voilà ce soir-là au Philharmonique de Genève. À peine le concert terminé qu’un homme frappe à la porte de sa loge. Il insiste. Grand admirateur, Léon Dinkel veut le féliciter. La rencontre se veut amicale, respectueuse. Mais plus l’entrevue se prolonge, plus le comportement de ce visiteur devient étrange et oppressant, dévoilant des informations sur la vie privée de l’artiste, sa famille, ses parents, sa jeunesse. Qui est donc cet inquiétant M. Dinkel ? Et si les deux hommes s’étaient déjà rencontrés, en Allemagne, dans la folie de 1943 ? Les masques tombent… L’auteur et metteur en scène Didier Caron signe un huis clos tendu et toxique où les thèmes de la culpabilité, du pardon et de la rédemption mènent l’intrigue. Et dans ce duel haletant, les deux comédiens régalent. Christophe Malavoy compose un Dinkel émouvant, énigmatique, résolu. Tom Novembre campe un Miller à la suffisance bafouée et à l’honneur hautain, à la stature impérieuse et fragile. De vérités enfouies en coups de théâtre, la partition réveille la mémoire collective sur un passé encore à fleur de peau.

Le violoncelle de guerre

Nous sommes bien au cœur de la boucherie de 14-18, mais le « Poilu » n’est pas ce que l’on croit. Il s’agit du violoncelle que le grand soliste Maurice Maréchal s’est fait construire en juin 1915 dans les tranchées à partir de caisses de munitions et autres moyens du bord. Sans doute pour surmonter l’horreur et l’ennui. À plusieurs reprises, Maurice Maréchal eut l’occasion de se produire en concert devant le quartier général. C’est ainsi que Joffre, Foch, Mangin et Pétain apposèrent leur signature sur la table de cet instrument de fortune. Lorsque le régiment se déplaçait pour aller au front, le violoncelle voyageait dans le fourgon de ravitaillement, au-dessus des boîtes de conserve. Il fut amené ainsi deux fois au siège de Verdun. Un siècle plus tard, la violoncelliste Emmanuelle Bertrand rend hommage à Maurice Maréchal et relate par là même un pan assez méconnu de notre histoire nationale. Cette parole résonne par la force et la sensibilité de la voix du comédien Christophe Malavoy, puis par l’interprétation d’Emmanuelle Bertrand, qui déroule ici un répertoire audacieusement anachronique, allant de Bach à Britten et Henze, comme pour mieux habiter les tumultes et les vertiges de cette incroyable aventure humaine.