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LA PLACE

Œuvre majeure dans la carrière d’Annie Ernaux, La Place théorise, de façon romancée, la question de transfuge de classe. Hugo Roux adapte cette sublime autobiographie dans une mise en scène qui fleure bon la nostalgie.

Une jeune professeure de lettres modernes apprend le décès de son père. Elle revient dans la maison familiale, en Normandie. Et soudain, s’ouvre le récit d’une vie. À travers une langue qu’elle voudra, sans condescendance, être la plus proche de celle que parlait son père, elle œuvre à dépeindre cet homme. D’abord garçon de ferme puis ouvrier, puis petit commerçant, nous assistons à sa modeste ascension sociale dans un monde au sein duquel il évolue toujours à contretemps. Cette histoire, saisissante, par son dépouillement et sa sobriété, possède une dimension indéniablement universelle. Dans une scénographie qui nous plonge dans un coin du bistrot ou un rayon de l’épicerie familiale, l’actrice-narratrice incarne la galerie de personnages qui traversent La Place, donne vie à toutes sortes d’objets, prétextes à souvenirs, dans ce récit de l’intime. À travers ce roman, Annie Ernaux pose son regard sur ce monde qu’elle fait revivre. Un regard sociologique, mais aussi empreint d’émotions. Un regard juste, même dans la brutalité, parce que vécu.

L’Occupation

À partir du texte L’Occupation d’Annie Ernaux, Romane Bohringer interprète avec fougue et justesse une femme occupée à disséquer ce sentiment si brûlant qu’est la jalousie.

Avec L’Occupation, Annie Ernaux dresse l’éblouissant portrait d’une femme de quarante ans à travers un moment essentiel de sa vie amoureuse. Cette femme se sépare de l’homme qui partageait sa vie depuis cinq ans. C’est elle qui le quitte, avec sans doute l’espoir de le retrouver un jour… Mais il s’éprend d’une autre dont il cache l’identité. Tout connaître alors de sa rivale sans visage devient une obsession. Jour et nuit, ce sentiment l’obsède et la dévore, prend possession de tout son être et la consume. « Cette femme emplissait ma tête, ma poitrine, mon ventre. […] J’étais, au double sens du terme, occupée. » C’est une folle enquête, minutieuse, systématique, que nous suivons au fil des minutes comme un thriller amoureux. Nous partageons ses craintes, son ironie mordante, son langage cru, ses faiblesses et ses audaces qui la rendent bouleversante et drôle. Avec son complice multi-instrumentiste, Romane Bohringer incarne avec brio, dans une version rock et haletante, cette femme contemporaine, passionnément amoureuse. 

Romane Bohringer fusionne avec son personnage et livre une performance incandescente, charnelle, d’une rare intensité. Un choc. – L’Express