Quand la fiction permet la rencontre entre deux enfants héros de la littérature, l’une inventée par Andersen, l’autre par Hugo. Tous les rêves d’accomplissement sont alors permis.
Le récit original d’Andersen est bref, tranchant et sans rémission. Sa petite marchande d’allumettes est une enfant battue. Elle n’a pas d’argent, elle n’a pas de parents, elle a faim et elle a froid. Comble de cynisme, en cette veillée de Noël, au lieu de lui venir en aide, les passants pressés de rentrer au chaud, relèvent leur col et accélèrent le pas. En s’appropriant le conte d’Andersen et en le détournant in extremis de sa terrible fin, la compagnie Premier Acte a souhaité emmener la fillette sur les traces d’une destinée plus certaine, avec l’adjonction d’un personnage inattendu, un autre orphelin livré à lui-même, Gavroche, qui s’apprête à rejoindre la barricade, là où l’attend la fin de son histoire. Dès lors s’opère sous nos yeux la rencontre inespérée de deux enfants, initialement promis à la mort mais absolument déterminés à prendre leur destin en main et à accomplir leurs rêves. Quitte à s’échapper de leurs livres respectifs, à l’insu de leurs auteurs.