L’art et l’amour comme terrain de prédilection des passions inaccomplies et des désillusions. La nostalgie côtoie la tragédie dans ce bijou de Tchekhov dont Brigitte Jaques-Wajeman révèle l’essentiel.
Sur le plateau, un petit théâtre fait de billots de bois clair. À côté, un banc, des sièges de jardin, des silhouettes d’arbres dans la pénombre. Et au fond, un ciel superbe et changeant, reflet inversé d’un lac invisible. C’est un soir d’été dans la campagne russe et Nina va interpréter le texte de Treplev, fils d’une grande actrice. C’est bien de théâtre qu’il est question dans cette œuvre de Tchekhov : le théâtre et ses conventions que certains voudraient voir bousculés, mais aussi le théâtre de la vie qui se joue là, dans le jardin de la propriété de Sorine, entre ces personnages bourgeois passionnés ou nostalgiques qui se débattent avec élégance contre les angoisses de la création et de l’amour. Chez Tchekhov, l’âme humaine est disséquée à l’ombre des grands arbres et des panoramas familiers. Avec une scénographie qui télescope le dedans et le dehors, l’ici et l’ailleurs, propice à une temporalité aux prises avec la vie et ses méandres, Brigitte Jaques-Wajeman mise sur l’épure pour mieux donner à entendre chaque émotion traversée par les protagonistes de ce drame annoncé, suspendu.
PRESSE
Sa mise en scène, intense et poétique, portée par une troupe habitée, exprime à merveille « le tremblement de vie » de la pièce du génie russe. Dans un décor épuré et des lumières superbes. – Les Echos